Suite à son discours engagé lors de sa
consécration à Cannes, la réalisatrice
Justine Triet a reçu de nombreuses attaques,
souvent injustifiées.
Notamment de la part du gouvernement et de
la ministre de la Culture Rima Abdul Malak.
Tout un pan de classe politique est en émoi
depuis samedi soir, tous se liguent contre celle
qui a osé dire publiquement ce que des milliers
de personnes clament dans la rue depuis tant
d’années.
Ces gesticulations bourgeoises ne nous feront
pas oublier l’essentiel, ceux qui sont au pouvoir
sont inquiets de voir que nous nous tenons
debout face à eux.
Nicolas Mathieu, écrivain (Prix Goncourt 2018),
a écrit un texte suite à la polémique qu’a suscité
le discours de la cinéaste Justine Triet au Festival
de Cannes.
Voici le texte :
« On est quand même accablé de voir des ministres
s’offusquer qu’une artiste critique un pouvoir, une
politique, un gouvernement.
Alors on va rappeler deux trois fondamentaux.
– Vous n’êtes pas l’État. L’État c’est NOUS, peuple
de citoyennes et de citoyens libres qui se gouverne
par votre truchement. Vous critiquer ne remet
nullement en cause les institutions.
– Vous ne financez pas le cinéma et la culture.
NOUS finançons le ciné et la culture via des
dispositifs de solidarité collective dont vous
n’êtes que les organisateurs temporaires.
La main qui nourrit les artistes n’est pas la vôtre.
C’est celle de la communauté nationale.
– Vous n’êtes pas nos patrons mais les serviteurs
du bien public et vous n’avez rien à dire des
libertés qui nous appartiennent, que nous avons
conquises et que nous exerçons exactement
selon notre bon vouloir, parmi lesquelles la liberté
de nous exprimer et de vous critiquer.
– Votre pouvoir NOUS appartient. Nous vous le
déléguons de manière temporaire. Il vous oblige
et vous rend responsables devant nous. Vous
n’êtes pas l’encadrement d’une entreprise qui
n’aurait à répondre que devant le Comité exécutif
qui le nomme. »